Minimum Vital

Rock Progressif depuis 1982

Parlons Guitare avec Jean-Luc Payssan

Jean-luc et ses guitares

Sans prétendre être un guitariste extraordinaire, mon amour pour la guitare a fait que j’ai essayé d’en explorer les multiples facettes aussi bien avec Minimum Vital que Vital Duo. Si mes influences et mon admiration vont vers de grands guitaristes inclassables du rock progressif comme Steve Hackett, Steve Howe, ou Mike Olfield, j’ai aussi un lien profond avec la guitare acoustique, voire classique.

Mon jeu de guitare ? Et bien disons que j’ai toujours été plus intéressé par la mélodie, la sonorité, que par la performance.

Je cherche dans le travail de composition une certaine saveur modale immédiatement reconnaissable. J’aime en effet employer des accords particuliers, et ce depuis le début de l’histoire de Minimum Vital. J’ai ainsi une préférence marquée pour les quartes superposées, les retards harmoniques, les accords ouverts dont la basse est souvent renversée, ainsi qu’une méfiance relative envers la consonance de tierce, ce qui donne à la musique une couleur souvent celtique ou médiévale.

À ces influences sont venues s’ajouter des sonorités moyen-orientales à travers des instruments exotiques comme l’oud ou le saz turc, qui rapprochent encore plus la musique de Minimum Vital, je l’espère, d’un folklore imaginaire ouvert sur le monde.

Si, dans les premiers temps du groupe, la guitare électrique a été mon instrument dominant, j’ai enrichi au fil des années mon panel d’instruments jusqu’à aboutir aujourd’hui à une plantureuse collection de guitares acoustiques susceptibles d’apporter des couleurs savoureuses à la musique. Il sera donc question ici d’un petit historique de la guitare "Vitalienne" à travers les âges, agrémenté bien sûr d’exemples visuels et sonores.

Un grand adepte de la six cordes a dit un jour qu’un bon guitariste se devait toujours d’avoir une Gibson dans une main et une Fender dans l’autre.

Les aficionados reconnaîtront dans ce subtil distinguo les deux grand types de sons de guitare électrique : micros à double bobinage d’un coté (Gibson) et simple bobinage de l’autre (Fender)…

Mauvais élève, j’ai toujours choisi l’option double bobinage pour toutes mes guitares électriques.

Je me suis toutefois permis une légère évolution dans le temps: si, dans les années 90, je penchais vers des sons gras et chaleureux de type Gibson, j’aime aujourd’hui des sons plus resserrés et un peu moins saturés…

Ayant donc envisagé un moment de me tourner vers Fender, j’y ai renoncé à cause du manche: venant de la guitare classique, j’ai en effet une nette préférence pour les manches larges.

Ma deuxième option, en type de guitares électrique a donc été non pas Fender… mais plutôt Gretch !

Quand on parle de guitares acoustiques à cordes acier, on pense d’abord à la guitare folk, reine du style picking, des ballades arpégées au coin du feu et complément rythmique idéal de toute la musique populaire moderne. Mais dès le moyen Age et surtout au 16° siècle, on trouve des ancêtres ou cousins de la guitare montés en cordes acier.

Très tôt en effet, les musiciens ont naturellement développé sur les instruments à cordes pincées un jeu en rythmique faisant intervenir tous les doigts de la main droite (qu’on appelait en France le jeu « guitare battante » ou « rasgueado » en Espagne).

C’est pourquoi les luthiers ont cherché à augmenter le volume sonore de ces instruments en les montant avec des cordes en métal et non en boyau.

Ainsi sont nés cistres, mandoles et autres bouzoukis, cousins lointains de la guitare idéalement taillés pour le jeu en groupe (le Brocken consort comme disaient les anglais), lesquels ont sans doute favorisé la naissance et le développement de notre bonne vieille guitare acoustique folk moderne.

Une bonne guitare acoustique doit être parfaitement juste, claire et chaleureuse dans le son, mais aussi bien équilibrée et riche en basses et médiums.

On peut éventuellement accentuer la richesse harmonique en privilégiant des instruments à cordes doublées, à l’octave ou à l’unisson…

On trouvera donc ici des guitares folk 6 et 12 cordes, des instruments traditionnels proches de la guitare (cistre et mandole), des exotiques comme le saz turc, et des plus connus comme la mandoline, tous privilégiant des cordes en métal doublées.

Ce type de cordes (autrefois faites en boyau) concerne les guitares type classique ou de famille beaucoup plus ancienne comme celle du luth.

Le son de ces guitares est évidemment plus rond, plus chaud et riche en médium que ses sœurs à cordes acier, mais beaucoup plus faible aussi, car plus adapté pour un jeu soliste et polyphonique.

Avec les années et les progrès techniques aidant, j’ai cependant réussi à faire amplifier et utiliser en concert certains de ces instruments, pour mon plus grand plaisir.